Dans le silence glacé de la constellation de Cassiopée, une lueur rougeoyante pulse comme un véritable cœur cosmique : la nébuleuse IC 1805, surnommée la Nébuleuse du Cœur. À plus de 7 500 années-lumière, cette vaste région H II est une véritable maternité stellaire où vents et radiations d’étoiles massives sculptent de grandioses volutes d’hydrogène. En son centre s’embrase Melotte 15, un jeune amas ouvert dont les étoiles, vieilles d’à peine 1,5 million d’années, alimentent la nébuleuse en énergie et façonnent ses piliers de gaz et de poussières.
Pour capturer ce battement cosmique, j’ai consacré trois nuits claires à l’astrophotographie, accumulant plus de 19 heures d’exposition : 44 poses de 600 s en Hα, 44 poses de 600 s en O III et 26 poses de 600 s en S II. Les données ont été traitées dans PixInsight afin de révéler la profondeur des gaz grâce à la palette SHO (Hubble) : l’hydrogène rayonne en vert, le soufre en rouge, l’oxygène en bleu, offrant une vision à la fois scientifique et onirique.
L’acquisition a été réalisée avec une monture 10Micron GM 1000 HPS, un réfracteur Takahashi TOA-130 de 993 mm de focale, une caméra ZWO ASI 6200 MM Pro et des filtres Antlia 3/3,5 µm de 2 pouces.
Cette image, véritable cartographie des éléments, raconte l’histoire de la formation stellaire : l’hydrogène ionisé rayonne sous l’effet du rayonnement ultraviolet, le soufre s’illumine lorsqu’il est excité par la lumière intense des étoiles massives, et l’oxygène doublement ionisé brille dans les zones façonnées par les vents stellaires. Observer IC 1805, c’est écouter le murmure d’un cœur galactique qui bat depuis des millions d’années, rappelant que même dans l’immensité du vide, la vie des étoiles est un poème de lumière.
